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sa loge. Dans l’après-midi il retourna trouver l’ingénieur.

« Jacques, dit-il au contremaître, vous pouvez commencer les dessins pour le moulage. Moi je termine une lettre pressée… »

Garaud se mit au travail. Sa main tremblait. Ses yeux n’avaient plus leur netteté de perception habituelle. Le caissier Ricoux entra dans le cabinet.

« On arrive de la Banque, monsieur… fit-il.

– Eh bien, demanda l’ingénieur, on a encaissé ?…

– Oui, monsieur, et je vous apporte le montant du bordereau…

– Revenez un peu plus tard, je vous prie… »

Le caissier sortit. Jacques, présent à cette conversation, avait tressailli en entendant ces mots :

« Je vous apporte le montant du bordereau. »

Puis il s’était courbé de nouveau sur son travail. Un quart d’heure s’écoula. On entendit frapper.

« Entrez ! » cria l’ingénieur avec impatience. Jeanne parut sur le seuil.

« Monsieur, dit-elle, c’est une dépêche…

– Merci… » répondit M. Labroue en prenant le télégramme.

Mme Fortier sortit. L’ingénieur déchira l’enveloppe, parcourut du regard la feuille qu’elle contenait, et devint très pâle.

« Lucien malade ! s’écria-t-il. En danger peut-être !… »

Puis, s’adressant au contremaître, il poursuivit :

« Je reçois une dépêche de ma sœur. Je vais partir à l’instant même, rassemblez les dessins et les plans et donnez-les-moi. Je les enfermerai dans le coffre-fort.

– Oui, monsieur, tout de suite », répliqua le contremaître.

Et il se mit en devoir de rassembler les papiers. M. Labroue fit retentir un coup de cloche dans la cour, puis appela le caissier.

« Mon cher Ricoux, lui dit le patron, un télégramme réclame ma présence auprès de mon enfant malade. Faites votre caisse. Gardez les sommes qui vous seront utiles, et remettez-moi le reste.

– Je vais me hâter, monsieur. »