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tait deviné par moi. Il voyait bien que je n’étais pas dupe de son masque. Cet homme a commis plus d’un crime, et je dois en connaître un qui n’a échoué que par des circonstances indépendantes de sa volonté.

– Quel est ce crime demanda Raoul vivement intéressé.

– Il y a un mois, Ovide Soliveau voulait se débarrasser d’une jeune fille, une orpheline élevée aux Enfants-Trouvés.

Il ne réussit qu’à moitié. L’orpheline, frappée d’un coup de couteau, fut très malade, mais ne mourut pas. »

Les mots : Orpheline, élevée aux Enfants-Trouvés, avaient frappé l’esprit de Raoul Duchemin et redoublé ses terreurs.

« Le nom de cette orpheline, le sais-tu ? balbutia-t-il.

– Lucie.

– Lucie ! s’écria Raoul. Ah ! c’est bien le nom écrit sur l’acte de dépôt qu’il est venu exiger de moi.

– Un acte de dépôt ? répéta Melle Amanda.

– Oui. Cet homme, pour paiement du service qu’il m’avait rendu m’a contraint à lui livrer l’acte de dépôt fait à la mairie par la nourrice, au moment où elle allait porter la petite fille aux Enfants-Trouvés de Paris.

– Mais ce papier tu n’avais pas le droit de le lui remettre ?

– Non. Il devait demeurer dans les archives de la mairie.

– Si l’on savait que tu l’as soustrait, qu’arriverait-il ?

– Je serais perdu, répondit-il, perdu sans ressources.

– Et tu ne te vengerais pas du scélérat ? Tu ne chercherais pas à lui arracher ce papier qui te perdrait, et les traites fausses pas lesquelles il te tient !…

– Me venger ! lui arracher ces papiers ! Oh ! si, je voudrais ! Mais comment ?

– Veux-tu me promettre une obéissance absolue ?

– Oui. Que faudra-t-il faire ?

– Surveiller les agissements du faux baron de Reiss, mais il faut des ressources que je n’ai pas.

– Je te procurerai de l’argent… maintenant, je dois