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qui n’hésitait pas plus à me tuer qu’à tuer Lucie ? À tout prix il faut que je sache, et je le saurai… »

Amanda alla se mettre au lit. Peu d’instants après la servante Madeleine arriva à la villa apportant un vase rempli de limonade dont elle présenta un verre à la malade en demandant :

« Eh bien, ma chère dame, cela va-t-il mieux ?

– Beaucoup mieux, répondit Amanda. Demain, je serai remise ; ce n’est pas comme ces malheureuses victimes de l’accident… Donnez-moi des nouvelles des blessés qui sont chez votre patronne… il y avait un jeune homme, je crois…

– Oui, madame. Cette nuit, il a repris connaissance.

– Avez-vous entendu dire son nom ?

– Il s’appelle Duchemin.

– Je ne m’étais pas trompée », pensa la jeune fille. Ovide Soliveau passa la journée près d’Amanda, affectant de se montrer aux petits soins pour elle. De son côté l’essayeuse de Mme Augustine se gardait bien de laisser paraître les soupçons qu’elle avait conçus. À un moment, elle dit :

« Je vais écrire à Mme Augustine pour lui demander l’autorisation de prolonger un peu mon séjour à Bois-le-Roi.

– Excellente idée… Ah ! je dois vous prévenir que je serai obligé de vous laisser seule pendant quelques jours. J’ai dit chez moi que je quittais Paris pour une semaine et mon absence prolongée causerait certainement des inquiétudes. Or, je ne puis dater une lettre de Bois-le-Roi lorsqu’on me croit à Marseille : ce serait une insigne maladresse. »

La jeune fille s’enveloppa d’un peignoir, traça quelques lignes, puis la lettre terminée, écrivit l’adresse et la tendit à Ovide.

« Soyez assez aimable pour jeter cela à la boîte », fit-elle.

Ovide sortit, Amanda alla s’installer sous un berceau adossé à la muraille d’enceinte de la propriété qu’habitait la sœur du docteur Richard et s’absorba dans une rêverie profonde.