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me parlait de M. Labroue dans les termes les plus flatteurs, me donnant à entendre que sa position allait s’améliorer encore. Il ne s’agissait de rien moins que d’une association…

– Mais c’est magnifique, cela ! s’écria Georges.

– Et peut-être un mariage… » ajouta l’ex-tuteur de Georges. Lucien tressaillit.

« Ma foi, reprit le jeune avocat, cela ne m’étonnerait pas le moins du monde. J’ai entendu Melle Harmant parler de toi dans des termes qui rendent admissible une supposition de ce genre. M. Harmant ne t’a-t-il point parlé de mariage ?

– Il m’en a parlé…

– Bravo, mon cher ! Voilà une bonne nouvelle qui me rend bien heureux ! À quand la publication des bans ?

– J’ai refusé les offres de M. Harmant.

– Tu as refusé ! Ah ! c’est, vrai, j’oubliais que tu aimes…

– J’aime de toutes les forces de mon âme, répondit Lucien et mon devoir est de ne plus aimer !

– Je ne te comprends pas, dit Georges, si tu aimes véritablement, il n’y a point de considérations qui puissent te faire transiger avec ton amour. Le bonheur d’abord !

– Je te répète que je ne dois plus aimer Lucie. La fatalité me le défend. Entre Lucie et moi il y a un crime… il y a du sang… le sang de mon père. Lucie est la fille de Jeanne Fortier… de la femme condamnée pour avoir assassiné mon père… »

Étourdi, Georges resta muet. L’artiste se leva d’un bond.

« Celle que vous aimez est la fille de Jeanne Fortier ! s’écria-t-il. En êtes-vous sûr ?

– Trop sûr, hélas ! J’ai les preuves entre les mains…

– Qui vous les a données ?

– M. Harmant. »

Le front d’Étienne Castel se couvrit d’un nuage.

« M. Harmant ! répéta l’artiste. Où a-t-il eu ces preuves ?