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III

Paul Harmant avait à faire exécuter des travaux importants dans une grande fonderie de caractères de la rive gauche. L’industriel pria Lucien de se charger de leur surveillance. Le fils de Jules Labroue, en ce moment, n’allait donc que le matin à l’usine de Courbevoie et passait le reste de ses journées à Paris. Il trouvait la solitude pesante ; il avait besoin d’épanchement.

Un après-midi, il monta chez Georges Darier, et il eut la chance de tomber sur un jour où le jeune avocat ne se rendait point au Palais. Georges était dans son cabinet, en compagnie de son ex-tuteur Étienne Castel, qui avait déjeuné avec lui, et il donna l’ordre d’introduire sur-le-champ son ami de collège. En voyant entrer Lucien dont le visage défait portait la trace des misères endurées, Georges ne put réprimer une exclamation de surprise et d’inquiétude.

« Ah ! ça, mais qu’as-tu donc ? As-tu été malade ? Pourquoi cette pâleur ? Pourquoi ces traits tirés ? As-tu perdu ta position chez Paul Harmant ? »

Un hochement de tête de Lucien répondit négativement.

« Tu ne poserais point cette question, dit Étienne Castel à son ex-pupille, si tu avais assisté il y a quelques jours à certaine visite que m’a faite Melle Harmant. Elle