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IV

Depuis la mort de sa femme, l’ingénieur avait supprimé tout train de maison. Il prenait pension dans un restaurant. Vers onze heures du soir il rentrait et travaillait souvent pendant deux ou trois heures. Le matin, il se levait presque au point du jour, travaillait encore et allait faire une première visite aux ateliers.

Le cocher, pas plus que le caissier et le contremaître principal, ne couchait à l’usine. L’écurie, contenant trois chevaux, se trouvait isolée des autres bâtiments. Jeanne, la nuit, habitait donc seule l’usine en même temps que l’ingénieur. Il avait donné l’ordre à Mme Fortier de ne jamais l’attendre lorsqu’il était dehors, une clef de la petite porte lui permettant de rentrer sans réveiller la gardienne. Outre la porte cochère et la poterne donnant sur la route, il existait une troisième issue, voisine du pavillon habité par M. Labroue et accédant à un chemin de traverse conduisant à Maisons-Alfort. L’ingénieur sortait et entrait assez fréquemment par cette issue.

Le lendemain, la vie active reprit dans l’usine. Jacques Garaud, en passant, dit très brièvement bonjour à Jeanne. Une extrême préoccupation se voyait sur sa figure ; il alla droit aux ateliers. Vincent n’avait point reparu depuis la veille. Sa femme était au plus bas et il ne pouvait songer à s’éloigner.