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Un buffet supportait plusieurs bouteilles de diverses liqueurs. L’une de ces bouteilles, étiquetée chartreuse verte, ne refermait plus que quatre ou cinq petits verres.

« C’est la chartreuse verte qu’Amanda préfère », fit-il.

Il déboucha la bouteille de chartreuse, puis la fiole apportée d’Amérique, et versa dans la première deux cuillerées du contenu de la seconde. Cela fait, il alla dormir.

Nous le laisserons sommeiller et nous rejoindrons Melle Amanda, occupée à pêcher le goujon. Tout à coup son attention fut détournée par un bruit curieux en cet endroit de la rivière. Des coups de sifflet retentissaient, suivis bientôt d’un choc terrible, puis de cris, de gémissements, d’appels au secours.

« La rencontre de deux trains sans doute », murmura la jeune fille.

Elle amarra son canot au tronc du saule et se dirigea vers le théâtre de la catastrophe. Déjà nombre de curieux se rendaient du même côté. Un spectacle effroyable s’offrit à sa vue. Trois wagons étaient complètement démolis, d’autres culbutés. De toutes parts s’élevaient des cris de douleur.

Déjà on emportait des gens blessés, sanglants, à moitié morts. Amanda, épouvantée, avait pris place près de la sortie, pour voir les malheureux qu’on emportait.

En ce moment deux médecins arrivaient : celui du pays et le docteur Richard que nous avons entendu causer dans la forêt avec le vieux René Bosc. Les deux médecins se mirent en devoir d’examiner les blessés. À l’appel du chef de gare le docteur Richard accourut et demanda :

« Qu’y a-t-il ?

– Voici ce malheureux, monsieur, je vous en prie ! »

Et le chef de gare désignait un corps inanimé que deux employés du chemin de fer venaient de déposer sur le quai. Le médecin se pencha vers le blessé. Amanda