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– Elle vous a été rendue, cependant ?

– Oui, grâce à un passager qui avait surpris le voleur.

– Sur ce même paquebot, reprit le médecin. J’ai eu l’occasion de causer avec un Canadien qui m’a fait connaître un liquide que les Indiens nomment liqueur bavarde, et qui est à peu près l’équivalent du pohou upas, mais sans le côté toxique, ou du moins avec ce côté bien amoindri.

– Oui, oui, je connais, répondit l’ex-agent de la Sûreté René Bosc. Cette liqueur fait parler les plus discrets. En avez-vous fait l’expérience ?

– Oui, et j’ai toujours obtenu le résultat souhaité.

– Êtes-vous pour longtemps dans ce pays ?

– Pour quelques jours seulement. Je suis venu voir ma sœur souffrante, et je profite de mon séjour ici en me reposant.

– Eh bien, tout le temps que vous resterez à Bois-le-Roi, voyons-nous chaque jour, je vous en prie. Nous parlerons de cette belle Amérique que j’aime.

– Cher monsieur Bosc, je vous le promets. »

Le médecin aida l’octogénaire à se relever et les cinq personnages prirent le chemin de Bois-le-Roi où l’ex-agent de la Sûreté habitait une maison sur les bords de la Seine. Ovide était revenu sur ses pas, car l’heure s’avançait. Un coup de sifflet prolongé lui annonça l’arrivée du train de Paris à Bois-le-Roi. Amanda descendit d’un compartiment de première classe fort coquettement mise et jolie à ravir.

« Avez-vous trouvé quelque chose de confortable ? demanda-t-elle au pseudo-baron de Reiss.

– Vous en jugerez tout à l’heure… Le dîner nous attend.

– Et le canot ?

– L’hôtel en possède six. Vous choisirez. »

Ovide et sa compagne arrivèrent au Rendez-vous des Chasseurs. Ovide conduisit Amanda au pavillon.

« C’est très gentil, ici ! s’écria la fille. Nous serons comme chez nous. Mais où prendrons-nous nos repas ?