touchée déjà, Lucie se sentit remuée jusqu’au fond des entrailles.
« Relevez-vous, dit-elle, je vous en conjure !
– Non ! laissez-moi vous implorer à genoux.
– Je l’ai déjà dit, mon cœur n’est point à vendre. »
Mary porta ses deux mains à son front en se relevant.
« Je me vengerai ! » fit-elle ensuite.
Et d’un pas automatique, elle quitta la chambre de sa rivale. Lucie murmura, en joignant les mains :
« Mon dieu, pardonnez-lui… La souffrance égare sa raison… »
En ce moment, la porte s’ouvrit et Jeanne Fortier parut. Elle vit la jeune fille, le visage défait, et courut à elle en s’écriant :
« Vos yeux sont pleins de larmes !… que s’est-il passé ? »
Lucie se jeta dans les bras de maman Lison et elle raconta la terrible scène…
Nous avons quitté Lucien Labroue, épouvanté de la révélation terrible qui venait de lui être faite.
« C’est une calomnie ! s’écria-t-il.
– Non, répondit le millionnaire ; c’est une vérité absolue.
– Vous avez parlé de preuves, monsieur, je les attends.
– Je vous ai dit, reprit-il, que celle que vous croyez aimer est inscrite sur les registres de l’hospice sous le numéro matricule 9.
– Je savais cela. Lucie elle-même me l’avait appris.
– Eh bien, refuserez-vous d’ajouter foi au procès-verbal de dépôt aux Enfants-Trouvés, relatant le nom de la mère ? »
Paul Harmant ouvrit son portefeuille, en retira le procès-verbal et le présenta au jeune homme, qui le lui arracha plutôt qu’il ne le prit et le lut fiévreusement. Le terrible papier s’échappa de la main tremblante de Lucien.
« C’est vrai… balbutia-t-il avec accablement : Lucie est la fille de Jeanne Fortier.