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– J’adore Lucien, je veux qu’il soit à moi ! je ne veux pas surtout qu’il soit à une autre !…

– N’exagère rien, mon enfant. Compte sur moi… D’ici très peu de temps tu constateras un changement nouveau et significatif dans la conduite de Lucien à ton égard. C’est lui-même bientôt qui pressera votre union…

– Père ! s’écria Mary, les alternatives d’espérance et de déception me tuent. Fais tout ce qui dépendra de toi, je travaillerai de mon côté à ce que Lucien m’appartienne… »

Paul Harmant fut effrayé de l’exaltation avec laquelle Mary venait de prononcer ces paroles.

« Ne commets aucune extravagance, mon enfant ! lui dit-il. Encore une fois sois calme et attends avec confiance le bonheur qui viendra, je te le jure ! »

Mary ne répondit pas. Rentrée chez elle et le visage décomposé par la colère, la jeune fille pensait :

« Je lutterai ! Tous les moyens me seront bons. »

Elle dormit à peine et, dès huit heures, elle s’habilla.

« Mon père est-il parti ? demanda-t-elle.

– Oui, mademoiselle, depuis un instant.

– Donnez l’ordre d’atteler. »

Au bout d’un quart d’heure, elle monta en voiture et dit au cocher de la conduire quai Bourbon. De son côté le millionnaire avait passé une fort mauvaise nuit. Cette lutte de tous les instants pour l’existence de sa fille le brisait. Il partit donc avec l’idée bien arrêtée d’obliger le fils de Jules Labroue à accepter la main de Mary.

Arrivé à l’usine de Courbevoie, il fit appeler le directeur des travaux. Lucien se rendit près de lui en toute hâte.

« Asseyez-vous, mon cher ami, lui dit ce dernier. Laissez-moi vous remercier tout d’abord de votre manière d’être, hier soir, vis-à-vis de ma fille. »

Le fiancé de Lucie tressaillit et, malgré lui, son front se plissa. Allait-il donc encore être question de Mary ?

L’industriel poursuivit :

« J’ai été heureux de vous éloigner momentanément de Paris. Vous voici revenu et nous devons maintenant