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trai une somme assez ronde pour lui permettre de vivre en attendant du travail. »

Puis, changeant de conversation, M. Labroue ajouta :

« Vous avez établi votre balance ?

– Oui, monsieur, la voici », répondit Ricoux.

Et il tendit à l’ingénieur une feuille de papier sur laquelle étaient tracés des chiffres.

« Sept mille cent vingt-trois francs trente centimes…

– Oui, monsieur. Je vais vous les apporter.

– Quelle singulière manie est la vôtre ! mon cher Ricoux. Je suis le caissier de mon caissier ! Pourquoi ne gardez-vous pas l’argent dans votre coffre-fort ?

– J’ai déjà eu l’honneur de vous le dire, monsieur, la responsabilité m’épouvante. Ne couchant pas à l’usine, je ne veux répondre de rien.

– Apportez donc les fonds. »

Ricoux alla chercher la somme de sept mille cent vingt-trois francs trente centimes, et la remit à M. Labroue qui la serra dans sa caisse particulière, ainsi qu’il le faisait tous les soirs. On entendit la sonnerie de cloche, annonçant la fermeture des ateliers. Le caissier souhaita le bonsoir à son patron et se retira. Le garçon de bureau vint prendre les ordres.

« Vous pouvez partir, je n’en ai pas à vous donner ce soir, David », lui fit l’ingénieur.

David quitta le cabinet, prit son chapeau dans le couloir et traversa pour gagner la porte de sortie.

Le départ des ouvriers s’achevait. Le garçon de bureau, au lieu de sortir de la cour, s’arrêta sur le seuil de la loge.

« Eh bien, quoi, petit Georges, cria-t-il, on ne vient donc pas dire bonsoir à son camarade, aujourd’hui ? »

L’enfant apparut.

« Qué que t’as ? reprit David, t’as les yeux rouges, mon mignon. Pourquoi tu pleures ?

– Maman a du chagrin… fit le petit Georges.

– Du chagrin ? » répéta le garçon de bureau.

Il avança sa tête dans l’encadrement de la porte et demanda :