votre autographe est entre mes mains, vous n’avez rien à craindre des suites de votre… légèreté.
– Ah ! quand j’ai fait cela, j’étais folle !
– Je crois, car au fond vous êtes une nature honnête.
– Ainsi, mon ami bien cher, demanda la jeune fille en prenant une physionomie hypocrite, vous ne me méprisez pas trop ?
– Je ne vous méprise pas le moins du monde, répondit Soliveau. Seulement, n’écrivez jamais de ces choses-là ! c’est dangereux ! Si votre autographe était tombé dans d’autres mains que les miennes, vous auriez pu le payer de votre liberté.
– Qu’en avez-vous fait ? balbutia l’essayeuse.
– Je l’ai serré dans un tiroir fermant à clef.
– Mais vous comptez me le rendre ?
– Je compte au contraire le garder précieusement. »
Amanda sentit un petit frisson.
« Pourquoi le garder ? demanda-t-elle.
– C’est des autographes de ce genre que je suis friand.
– Oh ! Rendez-moi cet écrit qui ne peut vous servir à rien.
– Il peut au contraire m’être très utile.
– Comptez-vous donc en faire usage contre moi ?
– Ah ! vous savez donc bien que j’en suis incapable !
– Enfin ! quelle est votre idée ? Car vous en avez une !
– J’en ai une simple et galante. Je veux vous enchaîner à moi. J’éprouve à votre endroit des sentiments très vifs. Vous paraissez me payer de retour ; mais, instruit par l’expérience, je me défie des femmes, surtout quand elles sont jeunes et jolies…
– C’est-à-dire que me voilà dans votre dépendance !
– Mon Dieu, oui, c’est ainsi. »
Amanda comprit qu’Arnold de Reiss la tenait.
« Comment avez-vous su ce qui s’était passé à Joigny ?
– Je l’ai su sans le chercher, je vous l’assure.
– Pas plus que l’assassin de Lucie ne cherchait chez le coutelier du quai Bourbon l’arme qui devait la frapper », répliqua la jeune fille en regardant Ovide.
Celui-ci répondit d’une voix très calme :