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– Non, par malheur ! Mais nous croyons tenir une piste. »

Et il lui fit part de leur visite à la coutellerie.

« Voilà un singulier hasard, s’écria la jeune fille. Quel était l’acheteur ?

– Un homme d’un certain âge… un monsieur bien vêtu.

– Alors, ce n’est pas l’homme qui m’a frappée. J’ai bien vu que mon assassin était misérablement vêtu.

– On peut prendre un déguisement. Nous en déduisons que ce n’était point pour vous voler qu’on vous assassinait… N’avez-vous point d’ennemis ?

– Comment aurais-je des ennemis ? répliqua-t-elle. Je vis dans un isolement complet. Je suis orpheline. Je ne connais que mon fiancé, absent de Paris depuis quelques jours.

– Vous n’aviez annoncé à personne que vous iriez à Bois-Colombes ?

– À personne. Personne ne pouvait savoir à quelle heure je reviendrais, et de quel côté je passerais.

– Nous devons donc nous en tenir à notre première version, dit le juge d’instruction, et cependant la provenance du couteau fait naître dans mon esprit bien des doutes.

– Personne ne me connaît, reprit Lucie, je vous le répète. Encore une fois, quelle vengeance aurait-on pu vouloir exercer contre moi ? La préméditation est inadmissible.

– Je tenais, mademoiselle, à vous entendre affirmer cela vous-même », dit le juge d’instruction.

Il salua la jeune fille et se retira avec le chef de la Sûreté. Lucie demeura seule, parfaitement convaincue que les magistrats faisaient fausse route. Ayant besoin de voir Mme Augustine, elle prit une voiture et se rendit rue Saint-Honoré.

En voyant la jeune fille entrer dans le salon d’essayage, Mme Augustine fit deux pas à sa rencontre et l’embrassa.

« Eh bien, mon enfant, a-t-on trouvé votre assassin ?

– Non, madame, et on ne le trouvera pas.

– Pourquoi donc ?