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l’hospice des Enfants-Trouvés. Or, je veux revoir ma fille, et il faut que vous m’y aidiez…

– De grand cœur, monsieur. Que faut-il faire ?

– Il paraît que lorsqu’une nourrice n’est plus payée, elle a le droit d’envoyer le nourrisson à l’hospice, après avoir fait une déclaration au maire de la commune.

– Oui, répondit le jeune homme. Cette déclaration est transcrite sur un registre ad hoc et reste aux archives.

– Le procès-verbal, outre les noms et les dates, ne contient-il pas la description des vêtements que portait l’enfant ?

– Si, monsieur, ainsi que la désignation des marques du linge, et les signes particuliers, s’il s’en trouve.

– Eh bien, en échange du service que je vous ai rendu, et de celui que je vais vous rendre encore, il faut me remettre une copie exacte du procès-verbal en question.

– Ce que vous me demandez là, monsieur, est très irrégulier, mais je vous dois trop pour hésiter un seul instant. »

Duchemin tira de sa poche un carnet, un crayon, et se prépara à écrire.

« L’année du dépôt ? fit-il.

– De 1861 à 1862.

– Le nom de la mère ?

– Jeanne Fortier. »

Duchemin tressaillit d’une façon si violente que son crayon s’échappa de ses mains et tomba sur la table.

« Qu’avez-vous donc ? lui demanda Soliveau.

– Jeanne Fortier ! répéta le jeune homme. Mais c’est le nom d’une femme condamnée à la réclusion perpétuelle… C’est le nom de l’évadée de Clermont dont le signalement a été envoyé au parquet et à la mairie…

– C’est le nom d’une innocente injustement condamnée… répondit Ovide d’un ton convaincu. Que vous importent à vous la condamnation de cette malheureuse et son évasion ? Si elle ne s’était point évadée, serais-je venu à Joigny ? Aurais-je pu vous garder l’honneur, assurer ainsi à votre vieille mère la tranquillité de ses