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« Lucie a été déposée en 1861 ou 1862 à l’hospice des Enfants-Trouvés de Paris, où elle a été inscrite sous le numéro 9. »

« Il faut savoir par qui a été déposée cette enfant.

– Qu’est-ce que ça peut te faire, et à quoi ça peut-il nous servir ? D’abord on refusera de nous l’apprendre si nous ne désignons pas les objets qui ont dû accompagner le dépôt et sont signalés au procès-verbal.

– Il faut ce procès-verbal.

– Le moyen ? À moins d’aller voler le registre de l’hospice ?

– À tout prix il faut que je sache si je ne me trompe pas.

– Que crois-tu donc ?

– Que Lucie est la fille de Jeanne Fortier.

– Qui te fait supposer cela ?

– Son nom, d’abord. L’enfant de Jeanne se nommait Lucie. Son âge. Enfin son visage… Elle ressemble à Jeanne, quand Jeanne était jeune.

– Une telle ressemblance donnerait presque une certitude… ou tout au moins des probabilités assez fortes. »

Paul Harmant poursuivit :

« C’est en 1861 ou 1862 que Lucie a été déposée à l’hospice. Il y a connexion. La nourrice, n’étant plus payée, a apporté l’enfant à Paris, après avoir fait une déclaration dans son pays, et s’en est débarrassée au profit de l’Assistance.

– Tout cela me paraît d’une logique inattaquable, mais ne m’explique pas encore en quoi cela peut te servir…

– Comprends donc que si Lucie est bien la fille de Jeanne Fortier, et si c’est prouvé, elle devient l’enfant d’une voleuse, d’une incendiaire, de l’assassin de Jules Labroue, et que Lucien, fils de la victime, la repoussera certainement avec horreur !

– Parfait ! Bravo ! J’ai compris ! C’est très fort !

– Alors il faut agir.

– Sans doute, mais de quelle manière ? Sais-tu comment s’appelait la nourrice chez qui Jeanne Fortier avait déposé sa fille ? Connais-tu du moins le nom du pays ?