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– Oui, ajouta le commissaire, et engagez-la à tenir secrète la tentative dont mademoiselle a été victime. Nous voulons éviter que le fait soit connu, ébruité et raconté dans les journaux. Affirmez que mademoiselle a été victime d’un accident. »

Jeanne promit de se conformer aux instructions du commissaire, et elle partit. Tout entière à la pensée de sauver Lucie, la veuve de Pierre Fortier ne s’était point dit que le crime commis sur la jeune fille allait la conduire comme témoin, en face des représentants de la justice et de la police qui, pour des raisons trop légitimes, lui inspiraient une profonde épouvante. Ce ne fut qu’en chemin de fer, en retournant à Paris, que cette pensée traversa son esprit, amenant à sa suite tout un cortège de sombres réflexions.

En arrivant à Paris, Jeanne brisée de fatigue, se rendit chez elle. La concierge poussa une exclamation de joie.

« Ah ! maman Lison, lui dit-elle, vous allez peut-être pouvoir me donner des nouvelles de ma locataire, mam’selle Lucie ! Hier soir elle est partie pour la Garenne-Colombes, et on ne l’a point revue. Savez-vous quelque chose ?

– Oui… Lucie est malade. En revenant prendre le train, elle est tombée et s’est blessée au côté.

– Blessée ! Quel malheur ! Est-ce que c’est grave ?

– Non. Sa convalescence ne sera pas longue.

– Ah ! tant mieux ! Vous me rassurez !

– Seulement, une personne qu’il faut avertir, c’est Mme Augustine, sa patronne. Est-il arrivé des lettres pour Lucie ?

– Oui, une.

– Eh bien, je la prendrai demain pour la lui porter… »

Le lendemain matin, Jeanne remplit ses fonctions de porteuse de pain et revint s’habiller afin d’assister au convoi de Mme Lebret. Une seconde lettre pour Lucie attendait.

Jeanne les prit toutes les deux, puis elle alla mettre un terme aux inquiétudes de Mme Augustine, et servit à la grande couturière un second exemplaire de l’histoire