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cour en silence, puis une autre, et Jacques Garaud fit halte devant une petite porte.

La porte s’ouvrit.

« Voici la clef, ajouta le père de Mary. Prends à droite. Dans cinq minutes tu seras sur la route de la Garenne-Colombes… »

Ovide prit la clef, s’élança au-dehors. Au loin, l’horloge du clocher de Courbevoie sonnait huit heures.

À cette minute précise, Lucie montait à la gare Saint-Lazare dans le train prêt à partir. Bientôt elle descendit à Bois-Colombes et s’engagea dans la route qu’elle avait suivie la veille. Il n’était pas assez tard pour qu’elle eût peur. Elle atteignit sans encombre le but de sa course. Mme la mairesse était en train de se faire coiffer. Or, le coiffeur ne mit pas moins de trois quarts d’heure à accommoder madame qui ne trouvait rien de bien. Enfin arriva le tour de Lucie.

La robe de bal fut tirée du carton où elle était délicatement étendue. Cette robe était véritablement une œuvre d’art ; elle allait à merveille, et l’invitée du préfet de la Seine ne fit point de difficulté d’en convenir. Cependant il fallait retoucher quelque chose au corsage. Cette retouche prit vingt minutes. Il restait ensuite à poser des guirlandes de fleurs naturelles. Lucie poussa un énorme soupir de résignation et se mit à l’œuvre. Nous la laisserons travailler et nous retournerons à Paris, à la boulangerie de la rue Dauphine.

Il était neuf heures du soir. La bonne de Mme Lebret était allée chez le pharmacien chercher une potion pour la malade, dont l’état s’aggravait de plus en plus. Maman Lison gardait la boutique en attendant le retour de la servante et l’arrivée de M. Lebret. À neuf heures dix minutes celui-ci apparut.

« Comment va la bourgeoise, maman Lison ? demanda-t-il.

– Bien mal, monsieur Lebret, répondit la porteuse de pain. Depuis deux heures elle demande si vous êtes revenu. »

Lebret monta près de sa femme. En le voyant elle