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n’était point resté comme la première fois blotti au fond de la voiture. Une des boutiques situées au rez-de-chaussée de la maison n° 9 était un magasin de coutellerie. Ovide l’avait remarqué le jour où nous l’avons vu ramasser le mouchoir que Lucie venait de laisser tomber de sa fenêtre.

Descendant alors de voiture, il ouvrit la porte vitrée. Une dame occupait le comptoir. Elle vint à Ovide.

« Je voudrais un couteau de cuisine… dans le genre de ceux dont les bouchers se servent pour désosser leur viande.

– J’ai là ce qu’il vous faut, fit la coutelière en prenant un objet dans la vitrine. Voici quelque chose de très bon. »

Ovide regarda la lame. Elle lui parut de bonne trempe.

« Combien vendez-vous cela ? dit-il.

– Deux francs soixante-quinze.

– Les voici… Veuillez me l’envelopper. »

La marchande garnit d’un bouchon la pointe acérée du couteau, l’enveloppa et le remit à l’acheteur qui sortit et regagna sa voiture. Sans même regarder la direction que prenait son client inconnu, la coutelière inscrivit sur sa main courante : « Un couteau de cuisine 2 Fr 75 » et n’y pensa plus.

Ovide était réinstallé dans le fiacre depuis deux minutes quand Melle Amanda reparut.

« La robe sera prête pour demain… D’autant plus prête que Lucie se fait aider par une ouvrière…

– Et vous serez obligée de l’accompagner demain soir.

– Non… Je lui ai conté que la patronne aurait besoin de moi, si bien qu’elle ira seule à La Garenne-Colombes. »

En entendant ces mots, Ovide tressaillit. Un mauvais sourire vint à ses lèvres. La présence d’Amanda auprès de Lucie cessait d’être à craindre.

« Comme cela, fit-il, nous ne changerons rien à nos habitudes.

– Nous pourrons même dîner beaucoup plus tôt. Je dois aller demain à cinq heures porter des échantillons à une dame de Saint-Mandé. Si vous étiez bien gentil,