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– Elle pensait que, la voyant bien malade…

– Je n’irai chez ma fille que quand mossieu Lebret m’y appellera lui-même, en me faisant des excuses par écrit. »

Jeanne se sentait le cœur serré. Elle hasarda quelques mots, Mme Lebret l’arrêta :

« Tout ce que vous pourriez me dire et rien sera la même chose ! » s’écria la vindicative créature.

La porteuse de pain se retira, profondément affligée. Sept heures sonnaient lorsqu’elle rentra rue Dauphine. Mme Lebret attendait son retour avec impatience.

« Eh bien, maman Lison, vous avez vu mère ? demanda-t-elle d’une voix faible.

– Oui, madame… fit Jeanne avec un embarras si visible que la patronne comprit aussitôt ce qui s’était passé.

– Ainsi, ma mère n’a point oublié ses discussions avec mon mari ? balbutia-t-elle. Elle refuse de venir me voir ?

– Hélas ! oui, madame. »

Maman Lison répéta alors son entretien avec Mme Lebret.

« Mon Dieu ! mon Dieu ! gémit la malade. Je ne verrai pas ma mère avant de mourir !

– Vous vous exagérez beaucoup votre état, et peut-être que monsieur ne refusera pas d’écrire à sa belle-mère.

– Mon mari est absent. Il reviendra demain soir seulement… et qui sait si demain je serai vivante encore… »

La malade tordit ses mains, et de grosses larmes coulèrent sur ses joues. Jeanne la regardait, le cœur serré.

* * *

La voiture dans laquelle se trouvaient Ovide et Melle Amanda s’était arrêtée en face de la maison portant le numéro 9 du quai Bourbon. La jeune fille gravit les six étages et ouvrit la porte de la chambre où Lucie travaillait avec une ouvrière.

Tandis que l’essayeuse montait chez Lucie, Ovide