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de la femme du magistrat municipal. Lucie se mit en devoir aussitôt de passer la robe à la cliente de Mme Augustine, cliente fort difficile à habiller, trouvant toujours que tout allait mal, exigeant des changements sans fin et des retouches interminables. Lucie épingla, changea, retoucha, avec une inépuisable complaisance, et, au bout de trois quarts d’heure, elle fut prête à repartir.

« Vous savez, mademoiselle, dit la maîtresse, qu’il me faut cette robe demain soir, à neuf heures, au plus tard ?

– Madame peut compter sur mon exactitude.

– Vous apporterez comme la dernière fois tout ce qui sera nécessaire pour opérer les dernières retouches, et vous assisterez à ma toilette. J’y tiens… »

Lucie reprit la route qu’elle avait suivie pour venir. En arrivant près du bouquet d’arbres elle constata que l’homme endormi était toujours là, mais cette fois elle n’éprouva pas la moindre frayeur et passa rapidement.

Lorsqu’elle eut fait une trentaine de pas, le singulier dormeur ouvrit les yeux et du regard suivit longtemps Lucie. C’était Ovide.

« Amanda m’a bien renseigné… pensait-il ; c’est le chemin que Lucie prendra demain soir… Par malheur elle ne sera pas seule… Tant pis pour Amanda ! »

Une heure plus tard, Ovide se présentait chez son cousin à Courbevoie. Il avait écrit d’avance deux lignes, placées sous une enveloppe fermée à la gomme. Il fit remettre cette enveloppe au pseudo-Paul Harmant qui, se trouvant seul, donna l’ordre de l’introduire sans retard et lui demanda vivement :

« Qui t’amène ? Est-ce qu’il y a du nouveau ?

– C’est pour demain… »

La signification de cette phrase si simple était claire.

« Pour demain ? répéta Jacques Garaud.

– Oui, et dans les conditions les moins compromettantes. »

Ovide détailla son plan.

« Je pense, énonça le millionnaire en essuyant son front mouillé de sueur, que la chose sera mise sur le compte de quelque rôdeur de barrière et que l’idée de