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– Elle est chez elle ?

– Ça, pour sûr.

– Bien des mercis. »

Ovide s’engagea dans l’escalier. Au second étage, il s’arrêta.

« Si la petite n’est point sortie à cette heure, se disait-il, c’est qu’elle travaille chez elle. Donc, il y a des chances pour qu’elle se rende aux ateliers de sa maîtresse couturière seulement pour reporter son ouvrage. Je vais m’en assurer. »

Il laissa s’écouler quatre ou cinq minutes, puis il se rendit rue Saint-Honoré chez Mme Augustine. Le pseudo-commissionnaire monta aux ateliers. Un domestique en livrée le mit en rapport avec une fort jolie fille, vêtue à la dernière mode et servant de mannequin vivant pour l’exhibition des toilettes sorties du cerveau de la tailleuse. Ovide jugea convenable de s’exprimer avec l’accent des fils de l’Auvergne.

« Mademigelle Luchie, chi vous plaît ? demanda-t-il.

– Qui ça Mademigelle Luchie ? fit l’essayeuse en riant.

– Une ouvrière de voschtre maison, fouchtra !

– Ah ! Lucie… elle ne travaille pas ici. Elle emporte l’ouvrage chez elle.

– Quai Bourbon, alorche ?

– Oui. Est-ce que vous lui apportiez une lettre ?

– Non… Ch’est une commichion de la part d’un mochieu.

– Parfait ! Eh bien, que le Mochieu aille chez elle ! Lucie est une prétentieuse qui ne montre son nez ici que pour rapporter son ouvrage ou venir chercher des fournitures.

– Merchi, mademigelle. »

Tout en descendant, le Dijonnais se disait :

« Elle est envieuse et déteste sa camarade. Il y aura peut-être là quelque chose à exploiter au profit de notre affaire. Lucie ne vient ici que lorsque son travail à rapporter l’y appelle. Donc c’est en plein jour, et en plein jour tout est impossible. Je ne m’acquitterai jamais de ma tâche à moins d’avoir des renseignements