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V

Mary Harmant, depuis que son père lui avait promis qu’elle serait la femme de Lucien Labroue, se sentait folle de joie. Quarante-huit heures seulement s’étaient écoulées depuis la bonne nouvelle, et déjà l’inquiétante pâleur du visage disparaissait, les taches rouges des pommettes s’effaçaient. Nous savons que son père lui consacrait tout entière la journée de dimanche.

Ce dimanche-là, elle se leva de bonne heure et se rendit au cabinet de travail du grand industriel. Celui-ci se doutait bien que sa fille lui poserait mille questions embarrassantes au sujet du jeune homme. Aussi, lorsque Jacques Garaud vit la porte du cabinet s’ouvrir pour livrer passage à la jeune fille, il ne put réprimer un geste d’impatience et son front se plissa. Ni le pli du front, ni le mouvement de contrariété n’échappèrent au regard de Mary.

« Je te dérange, père ? demanda-t-elle.

– Un peu, oui, mon enfant, car je suis plongé dans de grands calculs, mais, puisque tu es la, viens m’embrasser.

– Que faisons-nous aujourd’hui ?

– J’ai beaucoup de travaux arriérés à classer et je serai forcé, ce soir, de m’absenter pendant quelques heures.

– Tu déjeuneras et tu dîneras avec moi, cependant ?