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– Nullement. Histoire de me balader sur les boulevards.

– Alors, reste avec moi, nous avons à causer.

– Est-ce que quelque chose ne va pas à ton gré ?

– Entrons chez toi, je te dirai tout. »

Ovide fit traverser à son ex-patron le petit jardin, ouvrit devant lui la porte du pavillon, et l’introduisit dans une pièce proprement meublée, et tenue avec beaucoup de soin.

« Tu vois, cousin, que depuis que je vis de mes rentes, ou plutôt des tiennes, j’ai de l’ordre ! dit Soliveau en riant. Une femme de ménage me sert de valet de chambre.

– Tu es très bien installé, mais ce n’est point de ton installation qu’il s’agit, répliqua Paul Harmant. Le motif de ma visite est important. Causons… Nous dînerons ensuite.

– Ne pouvons-nous causer en dînant ?

– Non.

– Oh ! oh !… le huis clos ? C’est grave alors… »

Le grand industriel, sans prendre le siège que lui indiquait Ovide, passa la main sur son front et commença ainsi :

« Lors de la visite que tu es venu me faire à Courbevoie, tu as affirmé que tu serais toujours prêt à me servir.

– Je te l’affirme de nouveau, tu peux disposer de moi.

– Ferais-tu tout ce que je te dirais de faire ? Comprends bien la valeur de ce mot : TOUT…

– Oui, parbleu ! TOUT signifie que je devrais obéir à n’importe quel ordre, même s’il s’agissait d’allumer un joli petit incendie, comme tu le fis autrefois. Est-ce cela ?

– C’est plus que cela. »

Le Dijonnais ébaucha un geste de stupeur et murmura :

« Diable ! s’il ne s’agit pas de feu, il s’agit de sang ?

– Dans ce cas, que répondrais-tu ?

– Que ce n’est point dans mes habitudes. Je suis un brave garçon de mœurs douces et d’inclinations pacifiques.