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compagner cet envoi. L’absence de ces hommes devait durer quinze jours ou trois semaines. On était au samedi. La date de l’expédition par le chemin de fer était fixée au lundi suivant. En arrivant à l’usine, le millionnaire trouva Lucien Labroue à son poste, dirigeant les ouvriers. Il lui tendit affectueusement la main.

« Vous pressez les travaux de Bellegarde ? dit le patron.

– Oui, monsieur. Il reste peu de chose à terminer.

– Il faut que demain, à la première heure, les colis soient au chemin de fer… Avez-vous prévenu les mécaniciens et le contremaître qui doivent aller faire l’installation ?

– Ils partiront lundi matin.

– Votre présence là-bas serait singulièrement utile.

– Si vous le croyez, je suis prêt. Quand dois-je partir ?

– Lundi, par le même train que le contremaître et ses hommes. Je vous donnerai dans l’après-midi mes dernières instructions. Vous veillerez, n’est-ce pas ? à ce que demain, au point du jour, on parte pour le chemin de fer.

– Je coucherai ici, monsieur, afin de veiller au départ.

– Je vous en saurai gré. Il est entendu que vous toucherez une indemnité de déplacement de cinq mille francs. Vous voudrez bien m’écrire chaque jour pour me tenir au courant de ce qui se passera à Bellegarde. J’y tiens beaucoup…

– Je n’y manquerai pas, monsieur. »

Les deux hommes se séparèrent. Paul Harmant gagna son cabinet, en se disant :

« L’absence de Lucien Labroue durera tout au moins quinze jours et, s’il le faut, je trouverai moyen de la prolonger. Pendant cette absence, j’aurai le temps de prendre des informations. Quelle femme s’est emparée de Lucien ? À quelle intrigante a-t-il promis le mariage ?… Et malheur à celle qui s’est fait la rivale de ma fille ! Je la briserai… Rien de plus facile d’agir sans se compromettre. Je suis assez riche pour payer la disparition d’une femme. »