– Moi ! Mais mes terrains ne représentent pas la millième partie de la valeur de vos constructions et de votre matériel.
– Je sais cela et ne m’en inquiète point. Sur les terrains que vous possédez à Alfortville, je ferai construire à mes frais une usine de la même importance que celle-ci et, par un acte régulier, je vous rendrai propriétaire. Ce sera votre apport dans l’association. Nos deux usines fonctionneront parallèlement, et chaque année nous ferons le partage des bénéfices. Que pensez-vous de ma proposition ?
– Monsieur, en vous écoutant, je me demande si je rêve.
– Non, vous ne rêvez pas ; l’offre est sérieuse.
– Je n’ose l’accepter… Pour la mériter, je n’ai rien fait.
– Savez-vous comment moi, simple mécanicien, ne possédant que beaucoup de courage et quelque habileté dans mon métier, je suis devenu l’associé de James Mortimer ?
– Par le travail.
– Oui, certes, mais non comme vous l’entendez. Cet industriel, voyant en moi un travailleur doué d’aptitudes, m’a donné la main de sa fille en m’associant à lui. »
Lucien tressaillit. Jacques Garaud continua :
« Pourquoi ne suivrais-je pas l’exemple de Mortimer ? Pourquoi me montrerais-je moins généreux ? La part de fortune que je vous propose serait la dot de ma fille…
– Melle Mary deviendrait ma femme ?… balbutia Lucien.
– Sans doute… fit le millionnaire avec un sourire un peu contraint. Mary vous a distingué, mon cher Lucien ; je ne pouvais qu’approuver son choix, car je vous estime et je vous aime.
– Monsieur, dit vivement Lucien, l’offre que vous voulez bien me faire me prouve votre estime et votre sympathie… J’en suis fier et touché, mais je ne puis l’accepter.
– Pourquoi ? demanda Jacques Garaud étonné et