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« Mon cher Lucien, êtes-vous satisfait de votre position ?

– Comment ne le serais-je point ? répliqua Lucien. Grâce à votre libéralité, je gagne assez d’argent pour ne pas même dépenser le tiers de mes appointements. Ce sera donc pour moi, au bout de quelques années, une fortune certaine.

– Fortune qui doit vous permettre de réaliser la grande ambition de votre vie. Ambition louable que je connais. »

Lucien regarda son interlocuteur avec surprise.

« Ce que je vous dis là vous étonne, fit Paul Harmant. J’ai causé longuement de vous avec Georges Darier, mon avocat et votre ami. J’ai appris par lui que vous désiriez plus que tout au monde faire reconstruire, sur des terrains qui vous appartiennent à Alfortville, les ateliers que votre père y possédait jadis.

– Tel est en effet le but de ma vie, et je crois honorer la mémoire de mon pauvre père en agissant ainsi.

– Je vous approuve, je vous admire, et je vais vous en donner la preuve sans réplique, en vous fournissant le moyen d’atteindre plus vite ce que vous appelez le but de votre vie. L’usine où nous sommes ne peut suffire à exécuter les travaux commandés dont le nombre et l’étendue iront en s’augmentant. Vous constatez cela comme moi, n’est-ce pas ?

– Il est impossible de ne le point constater. J’ai même eu l’honneur de vous dire qu’il arriverait un moment où vous seriez obligé d’acheter d’autres terrains pour y construire de nouveaux ateliers.

– Vous avez eu raison… et ce moment est venu.

– Vous avez des terrains en vue ?

– Oui… les vôtres…

– Mais je ne veux pas les vendre, vous le savez bien…

– Aussi, je ne vous propose pas de vous les acheter. Pour donner à mon industrie les développements immenses qu’elle comporte, j’ai besoin qu’un homme de talent et d’expérience devienne à bref délai mon associé. Cet associé… ce sera vous.