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Murillo, et de voir ma cousine que j’aime à la folie quoiqu’elle ne m’aime guère.

– Plus tard.

– Soit ! Apprends-moi ce que tu vas faire pour moi.

– Te constituer une rente de douze mille francs.

– Mille francs par mois… dit Ovide en faisant la moue, quoiqu’il fût, au fond, plus satisfait qu’il ne voulait le paraître.

– Je vais te remettre cinq mille francs pour te monter, et j’y joindrai le premier mois de ta rente.

– Soit, dit Ovide avec un sourire. Chaque mois je viendrai toucher ici un joli billet de mille.

– Ici… non, répliqua vivement l’industriel ; l’argent sera remis à l’adresse que tu m’indiqueras.

– Chez moi, alors au logement que je vais louer, et permets-moi d’espérer que tu viendras bien, en bon parent, me serrer la main à mon domicile.

– J’irai… mais souviens-toi que j’ai fait du premier coup tout ce que je pouvais faire, et que, si tu m’adressais des menaces, il nous arriverait malheur à tous les deux ! »

Paul Harmant prit une liasse de billets de banque, en détacha six et les tendit silencieusement à son ex-associé.

« Merci, cousin ! s’écria ce dernier. Maintenant je voudrais te prier de déjeuner avec moi, afin de fêter notre réunion.

– Aujourd’hui, c’est impossible. Quand tu auras élu domicile quelque part, tu me feras voir ton installation.

– C’est convenu. Bons amis toujours. Si par hasard tu avais besoin de moi, songe que je suis là ! »

En ce moment le garçon de bureau se présenta.

« Qu’est-ce ? demanda l’industriel.

– C’est M. Lucien Labroue qui désire vous parler. »

En entendant ce nom, Ovide tressaillit, et au moment où le jeune homme franchit le seuil, il le dévora du regard.

« Je me retire, monsieur Harmant… » fit-il ensuite.

« C’est bien le nom de Labroue que ce garçon vient de prononcer, et l’ingénieur assassiné et volé par