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« Un crime !… s’écria-t-elle… Père, est-ce qu’il t’en a parlé ?

– Sans doute… murmura le millionnaire. Mais je n’ai pas cru nécessaire de te répéter cette sombre histoire.

– Pourquoi donc ? M. Lucien est mon protégé aussi, à moi. Vous disiez donc, monsieur Darier, qu’un crime avait rendu M. Lucien orphelin ?… Racontez-moi ce drame.

– Jules Labroue, son père, revenait d’un court voyage. En arrivant à Alfortville au milieu de la nuit, en franchissant le seuil de son usine en feu, il fut assassiné.

– Mais c’est épouvantable, cela ! N’est-ce pas, père ! »

Le faux Paul Harmant se raidit contre l’émotion qui l’envahissait, et répondit d’une voix qu’il s’efforçait d’affermir :

« Oui… épouvantable…

– Et, reprit Mary, quels étaient l’assassin et l’incendiaire ?

– Une seule personne, s’il faut s’en rapporter à l’arrêt de la justice… une femme… la gardienne de l’usine… Elle a été condamnée, en cour d’assises, à la réclusion perpétuelle.

– Cette femme était un monstre !…

– À moins qu’elle ne fût une martyre, mademoiselle… répliqua Georges Darier.

– Que voulez-vous dire, monsieur ?

– D’après certains renseignements fournis à Lucien par la sœur de son père qui l’a élevé, des doutes se sont élevés dans l’esprit de mon ami sur la culpabilité de cette femme.

– Ces doutes, le tribunal ne les avait pas eus ?

– Non. Toutes les charges accablaient la prévenue.

– Comment, après cela, M. Lucien peut-il douter ?

– Les preuves ne lui paraissent point concluantes. Il espérait obtenir de la condamnée, Jeanne Fortier, des explications qui le mettraient sur la piste du vrai coupable. Malheureusement, il lui est impossible de retrouver cette femme. »

Le faux Paul Harmant sentit une sueur froide mouiller la racine de ses cheveux.