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adressée il y a quelques jours… répliqua Paul Harmant.

– Au lieu de vous écrire, j’aurais dû aller vous remercier moi-même, vous et Melle Mary, du bon accueil que vous avez fait à mon protégé. Excusez-moi, je vous en prie, et permettez-moi de vous présenter mon tuteur, Étienne Castel, dont vous connaissez certainement le nom.

– Je connais plusieurs de ses tableaux, répliqua Mary, et je suis grande admiratrice de son talent.

– Moi aussi… ajouta le faux Paul Harmant.

– Je ne saurais vous dire, monsieur Harmant, combien j’ai été heureux d’apprendre que Lucien Labroue était admis chez vous, reprit Georges. Croyez à ma reconnaissance.

– De la reconnaissance… interrompit Mary, il paraît que c’est nous qui vous en devons. Mon père affirme qu’en lui donnant M. Labroue, vous lui avez fait un véritable cadeau.

– En effet, appuya l’industriel, votre protégé est pour moi un collaborateur précieux.

– J’espérais bien qu’il en serait ainsi. Il n’en est pas moins votre obligé et vous regarde comme son sauveur ; si vous ne lui aviez point rendu la main, il s’abandonnait au désespoir.

– Au désespoir ?… répéta Mary palpitante.

– À quel propos ? demanda le faux Paul Harmant.

– Lucien Labroue était arrivé à douter de lui-même et de son avenir. Or, le doute amène le découragement, et le découragement conduit au désespoir. Il était temps qu’un peu de bonheur vînt cicatriser les blessures faites par un passé douloureux. »

Le ci-devant Jacques Garaud se trouva tout à coup singulièrement mis à la gêne par les paroles de l’avocat. Il allait se lever et partir lorsque Mary prit la parole.

« M. Lucien est sans famille, n’est-ce pas ? fit-elle.

– Oui… un crime l’a rendu orphelin », répliqua Georges.

La jeune fille frissonna de tout son corps.