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– Ainsi, c’est par hasard qu’elle s’appelle ainsi… pensa Jeanne en sentant son cœur se serrer ; et moi qui espérais sans savoir pourquoi… Allons, c’est la fin de mes rêves… »

En ce moment on entendit un bruit de pas dans l’escalier. Lucie s’élança vers la porte, puis elle prêta l’oreille en avançant la tête. Les pas s’arrêtèrent au troisième étage.

« Ce n’est point lui ! » murmura la jeune fille assombrie.

Jeanne avait remarqué ce nuage soudain.

« Vous attendez quelqu’un, mademoiselle Lucie !

– Oui… quelqu’un que vous connaissez… M. Lucien, mon futur, maman Lison, et je l’attends avec une impatience que vous comprendrez sans peine, quand vous saurez qu’il a fait aujourd’hui, ce matin même, une démarche en vue d’obtenir un emploi d’où notre bonheur doit dépendre… »

De nouveau un bruit de pas se fit entendre. La porte s’ouvrit brusquement. Le fils de Jules Labroue entra, son visage rayonnant.

« Victoire, chère Lucie !… s’écria-t-il. Victoire !… J’ai réussi complètement ! J’ai obtenu séance tenante l’emploi que j’ambitionnais… Après déjeuner nous sommes allés ensemble visiter les constructions de Courbevoie… De retour à Paris, j’ai couru chez mon ami Georges Darier et je viens enfin ici, chère Lucie, vous dire que je suis bien heureux et vous apporter le bonheur. »

Lucien prit les mains de sa fiancée et poursuivit :

« J’ai le titre de directeur des travaux et douze mille francs d’appointements. Douze mille francs ! Mais c’est la fortune !

– Dans un an, ma petite Lucie sera ma femme, et d’ici cinq ou six ans, ayant mis une trentaine de mille francs de côté, je pourrai voler de mes propres ailes et faire construire une partie des ateliers de mon pauvre père sur les terrains que j’ai conservés à Alfortville. »

Jeanne Fortier tressaillit en entendant ces mots,