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une minute… Je désire qu’avant trois jours l’atelier de dessin, que je vais installer provisoirement ici, soit en état de fonctionner. J’aurai besoin de vous à toute heure du jour… Vous devrez donc venir vous loger près de chez moi. Je vous donnerai pour commencer douze mille francs d’appointements annuels. Vous acceptez ?

– Avec une profonde reconnaissance.

– Eh bien, c’est entendu… continua le faux Paul Harmant. Dès demain, vous viendrez surveiller l’aménagement d’une grande pièce, voisine de cette bibliothèque, et qui pourra contenir une douzaine de dessinateurs. Aujourd’hui je vais visiter les constructions de Courbevoie. Vous m’accompagnerez.

– Je cours déjeuner et je reviens… dit Lucien.

– Vous déjeunerez avec nous…

– Monsieur, comment vous remercier…

– C’est à ma fille, c’est à votre ami Georges Darier, et enfin c’est à votre propre mérite qu’il faut adresser vos remerciements, répliqua le millionnaire. Allez m’attendre auprès de Mary… Prévenez-la que je vous rejoindrai dans cinq minutes et que vous nous restez à déjeuner. »

Lucien ivre de joie se dirigea vers le salon. Jacques Garaud alors se laissa tomber sur un siège, anéanti, accablé.

« Lucien Labroue ! murmura-t-il d’une voix étranglée. Le fils de l’homme assassiné par moi ! Lucien Labroue dans cette maison ! Lucien croyant à l’innocence de Jeanne Fortier… à la culpabilité de Jacques Garaud… Lucien Labroue voulant venger son père par le scandale… Le scandale qui déshonorerait mon enfant en même temps que moi ! Non… non… Cela ne sera pas.

« Ce jeune homme ne me quittera plus. Il faut qu’il vive à mon côté, que je puisse connaître toutes ses actions, épier toutes ses pensées, et le supprimer au besoin… »

* * *