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avec une conviction qui doit te faire gagner tous les procès.

– Celui-ci est-il gagné ? demanda vivement Mary.

– Nous verrons cela tout à l’heure. Il ne faut point que le cœur emporte la tête ! La personne qui deviendra mon bras droit doit être pourvue de qualités spéciales et bien rares. Je désire vivement être agréable à Darier et surtout à toi, mais avant tout je veux m’assurer que la personne en question est capable de remplir un emploi de haute confiance. Je vais donc écrire à l’instant même à votre protégé…

– Inutile de lui écrire, interrompit Mary. Il est ici, dans la pièce à côté, t’apportant la lettre de recommandation qui lui a été remise par M. Darier. Tu ne refuseras pas de voir le meilleur ami de ton avocat.

– Non, certes… »

Mary, joyeuse, courut à la porte qu’elle ouvrit.

« Entrez, monsieur Lucien ! » cria-t-elle au jeune homme.

Lucien tremblant, franchit le seuil.

Paul Harmant l’enveloppa d’un coup d’œil rapide. Le résultat de ce premier examen parut être favorable au solliciteur, car la physionomie du millionnaire s’éclaira.

« Vous m’apportez une lettre de Georges Darier, monsieur ?

– Oui, monsieur… La voici. »

Et il tendit l’enveloppe à l’industriel qui poursuivit :

« Vous m’êtes en même temps recommandé d’une façon toute spéciale par ma fille. Cela me donne le désir de vous être agréable, mais les affaires sont les affaires, et je ne puis rien décider avant de m’être entretenu avec vous.

– Père, je te laisse avec monsieur, dit Mary.

– Va, ma mignonne. »

La jeune fille sortit en jetant un regard d’encouragement à Lucien, qui s’inclina devant elle. Paul Harmant désigna de la main un siège, et le solliciteur s’assit en face de lui.

« L’emploi que vous désirez obtenir, commença l’in-