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la patronne l’accueillit avec le sourire le plus aimable et s’écria :

« Vous venez vous offrir comme porteuse ?

– Oui, madame.

– Vous n’avez jamais fait ce métier-là ?

– Jamais, mais j’espère que la bonne volonté suppléera au manque d’habitude et je ferai tout pour vous contenter.

– J’espère.

– Vous m’acceptez donc !

– Certainement… à l’essai… Où demeurez-vous ?

– Rue de Seine, 24… J’arrive de mon pays où j’étais depuis trois ans. Je suis veuve.

– Ça suffit… Votre bonne mine me tient lieu de renseignements. Vous vous nommez ?

– Lise Perrin.

– Eh bien, Lise, vous entrerez en fonctions demain… Aujourd’hui vous passerez la journée à aller avec ma servante chez les clients dont je vous donnerai l’adresse.

– À quelle heure faut-il arriver à la boutique ?

– À six heures, pour la distribution du matin. Quoique nous ayons des clients qui demeurent loin, vous pourrez être rentrée à neuf heures. Il faudra revenir ensuite à cinq heures du soir, car nous avons des maisons et des restaurants pour lesquels on cuit le tantôt. C’est une affaire d’une heure et demie, deux heures.

– Bien madame.

– Vous gagnerez trois francs par jour et deux livres de pain. C’est mon prix. Tenez, voici dix francs, votre denier à Dieu. »

La fugitive rougit, témoigna sa gratitude, promit d’être exacte et se retira. À midi, elle était de retour à la boulangerie où la bonne de la maison l’attendait. Elles partirent, et, au bout de deux heures, Jeanne avait gravé dans sa mémoire les adresses de la clientèle du matin.

Ses travaux et ses recherches ne devaient pas lui laisser le temps de faire sa cuisine. Elle se dit qu’au Rendez-vous des boulangers les portions n’étaient