Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

– Cela permet aux parents de réclamer un jour l’enfant. Le jour et l’heure du dépôt d’un enfant sont constatés sur un registre. On décrit les vêtements du petit abandonné, les marques du linge, et les objets d’une nature quelconque attachés aux langes. L’enfant est inscrit sous un numéro (je portais, moi, le n° 9), à ce numéro on joint un nom.

– Tout cela est étrange et donne le frisson ! Quel âge avez-vous, Lucie ? Vous me permettrez de vous appeler Lucie, n’est-ce pas ?

– Oh ! mademoiselle, je crois bien !… J’ai vingt-deux ans, mademoiselle.

– Comment étant une très habile ouvrière, n’avez-vous pas songé à fonder un établissement ?

– Il me faudrait une clientèle et des capitaux…

– Il me semble que vous pourriez trouver un mari, sinon riche du moins possédant quelque argent. Cet argent vous servirait à meubler un appartement, à installer des ateliers, et la clientèle viendrait ensuite. »

En entendant prononcer le mot de mari, l’ouvrière devint très rouge. La fille de Paul Harmant dit en souriant :

« Ou je me trompe fort, ou vous songez à vous marier.

– Oui, je songe à me marier… mais celui que j’aime et qui m’aime est sans fortune ; il veut attendre, pour nous marier, qu’un bon emploi lui permette de nous faire vivre. Une fois sa femme, je travaillerais bien peu, car il voudra que je m’occupe exclusivement des soins du ménage.

– Le jour de votre mariage, ma chère Lucie, je serai heureuse de vous constituer une petite dot, à la condition que votre mari vous permette de travailler pour moi seulement.

– Je le lui demanderai, en lui parlant de vos bontés, et je suis bien sûre qu’il ne me refusera pas… Quand aurez-vous besoin de votre robe, mademoiselle ?

– Jeudi prochain… Je dois assister ce jour-là à une