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rompre. Dans sa chambre, à la place de son costume disparu, se trouvaient les vêtements de Jeanne. Le guichetier questionné répondit qu’il avait ouvert à sœur Philomène.

L’évasion fut immédiatement constatée. Une heure après, tout Clermont savait qu’une condamnée avait pris la clef des champs. La marchande qui avait vendu les vêtements courut, animée d’un beau zèle, faire sa déposition. Des renseignements obtenus résultait la preuve que Jeanne ayant quitté son travestissement, était partie par le chemin de fer. Or, depuis le moment de son évasion, un seul train avait passé. Donc, la fugitive filait sur Paris. On télégraphia à Paris de ne laisser passer qu’à bon escient les personnes munies d’un ticket de Clermont à Paris. Un inspecteur de la sûreté partit à la plus rapide allure pour la gare du Nord. Au moment où les policiers arrivaient sur le quai, le train de Clermont était signalé. Mais Jeanne devait échapper aux agents. Les voyageuses justifièrent facilement de leur identité et ajoutèrent qu’à la gare de Clermont elles n’avaient vu aucune femme ayant les allures d’une fugitive.

Voici ce qui s’était passé.

En arrivant à Creil, les deux voyageuses avaient quitté le train et Jeanne était restée seule. Cinq minutes après on passa sous un tunnel. Jeanne profita de l’obscurité pour jeter par la portière les vêtements de sœur Philomène. Puis, quand elle entendit les employés du chemin de fer nommer Saint-Denis, elle descendit. Le receveur des billets prit le ticket sans le regarder, et Jeanne passa.

Elle se mit en route et, moins d’une heure après, elle entrait dans Paris. La grande ville ensevelie sous la neige était singulièrement morne et triste, quoique ce jour fût un dimanche. Jeanne avait faim. Elle franchit le seuil du premier établissement de bouillon qui s’offrit à elle et, là, elle s’efforça de mettre de l’ordre dans ses idées. Une seule résolution s’imposait à elle :

« Aujourd’hui même, j’irai à Chevry. »

Après avoir achevé son frugal repas, Jeanne monta