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XVII

Nous avons laissé Jeanne Fortier, sous les habits d’une religieuse, dans la neige, en face de la porte principale de la maison centrale de Clermont. Le gardien, convaincu qu’il venait de laisser passer la sœur Philomène, avait fait jouer derrière elle les lourdes clefs dans les serrures massives. Jeanne se dirigea rapidement vers la ville et disparut au milieu d’un dédale de rues étroites et sombres dont les boutiques étaient encore fermées.

Après avoir marché très vite pendant un quart d’heure, elle ralentit le pas et chercha du regard autour d’elle. Vers le milieu de la rue qu’elle suivait, une boutique qu’on venait d’ouvrir attira son attention. C’était un magasin de lingerie, de mercerie et de vêtements confectionnés. Jeanne en franchit le seuil. La patronne, femme d’un certain âge, rangeait des étoffes.

« Que désirez-vous, ma sœur ? demanda-t-elle.

– Je voudrais, répondit la veuve de Pierre Fortier, un vêtement pour une femme à peu près de ma taille.

– Voici une jupe en gros molleton gris de fer. On ne peut rien trouver de plus chaud.

– La couleur est bonne, je prends cette jupe.

– Vous voulez un vêtement genre caraco, n’est-ce pas ? ma sœur. En voici un en étoffe semblable.