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« Si vous croyez que je ne dérange point Mlle Harmant, veuillez lui remettre ma carte.

– Je vais prévenir mademoiselle. »

Aussitôt après avoir lu le nom du visiteur, Mary, dont la toilette était achevée depuis longtemps, descendit :

« Bonjour, monsieur l’avocat, fit-elle de l’air le plus gracieux en tendant la main à Georges Darier ; votre visite n’était pas pour moi, mais je vous sais gré d’avoir pensé à me dire un petit bonjour.

– Comment allez-vous, mademoiselle ?

– À merveille, je ne me suis jamais aussi bien portée. »

Un subit et violent abcès de toux lui coupa la parole.

« Maudite toux ! murmura-t-elle.

– Vous soignez-vous au moins de façon à la faire disparaître ? demanda Georges, qui savait fort bien de quel mal incurable la jeune fille était atteinte.

– Je ne fais que cela ! répliqua Mary. Bah ! ce ne sera rien. Vous veniez pour voir mon père ? Il est absent pour trois semaines. Voyons, qu’aviez-vous à dire à mon père ? Je suis en correspondance régulière avec lui et je peux lui parler de votre visite et lui en expliquer le motif.

– Il sera temps de lui donner cette explication à son retour, Mademoiselle, mais je vous demanderai de m’appuyer de toutes vos forces…

– Je le ferai bien volontiers… De quoi s’agit-il ?

– De placer dans l’usine de M. Harmant un élève des Arts-et-Métiers, dessinateur et mécanicien distingué.

– Ce jeune homme est de vos amis ?

– Un ami de collège, oui, il a été cruellement frappé par la fin tragique de son père, auquel on a volé toute sa fortune, et par la mort d’une tante qui l’aimait tendrement, mais qui, ne possédant rien, n’a pu rien lui laisser.

– Ce que vous demandez, M. Darier, est un acte d’humanité et je m’y associerai de grand cœur. Votre ami peut compter sur moi. Je réponds presque du succès. Mon père doit arriver le 2 du mois prochain.