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cette femme arrêtée par les gendarmes chez mon oncle, à la cure de Chevry, qu’avait-elle fait ?

– On l’accusait du triple crime de vol, d’incendie et d’assassinat… répondit l’artiste.

– Oh, la malheureuse ! Elle a passé en justice, sans doute ?

– Oui !

– A-t-elle été condamnée ?

– À la réclusion perpétuelle, oui.

– C’est alors qu’elle était coupable.

– Sans doute, puisque les juges ont trouvé des preuves suffisantes pour la condamner.

– Savez-vous son nom ?

– Je l’ai su autrefois, mais je l’ai oublié. »

L’entretien en était là, quand Madeleine entra.

« Qui est-ce ? lui demanda Georges.

– Un monsieur qui demande à parler à Monsieur… Il s’appelle Lucien Labroue. »

Georges poussa une exclamation de surprise et de joie.

« Lucien Labroue… répéta le peintre étonné.

– Oui… un ancien camarade de collège… que je n’ai pas vu depuis cinq ans… Est-ce que vous le connaissez ?

– Je crois du moins connaître son nom. »

Une seconde plus tard, Lucien Labroue parut sur le seuil du cabinet. Georges lui tendit les bras en s’écriant :

« Lucien !… mon cher Lucien ! que je suis heureux de te voir !

– Pas plus que moi de t’embrasser… répliqua Lucien, qui s’inclina devant l’artiste.

– Mon tuteur et mon ami… fit le jeune avocat, M. Étienne Castel.

– Un peintre dont je connais et dont j’admire le talent si fin et si distingué… répliqua Lucien.

– Tu habites Paris ? demanda Georges à son ami.

– Oui, depuis deux ans.

– Tu es à la tête d’un atelier de mécanique ?

– Hélas ! non.

– Comment, non ?… Avec ton mérite !

– Je végète. J’en suis réduit pour vivre à faire des copies de machines, des lavis, des épures.