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cœur n’est pas resté pour vous ce qu’il était jadis ? Pour l’amour de moi, Lucien, cherchez-le… Je vous en prie !…

– Eh bien, chère Lucie, votre volonté sera faite.

– Voilà une promesse qui me soulage d’un grand poids. J’étais triste en entrant chez vous. J’en sors joyeuse…

– À ce soir, ma Lucie bien-aimée. »

La jeune fille se pencha vers son fiancé. Lucien appuya ses lèvres sur les cheveux épais et soyeux, puis l’enfant s’élança dehors en envoyant, du bout des doigts, un baiser. Mme Augustine, la grande couturière à qui Lucie reportait un corsage, demeurait rue Saint-Honoré près de la rue Castiglione. Lucie franchit rapidement la longue distance qui sépare l’île Saint-Louis de la rue Saint-Honoré. Elle alla droit au salon d’essayage où Mme Augustine se trouvait avec sa première demoiselle et une jeune fille de dix-huit ans environ, blonde et jolie. La grande couturière daignait lui prendre mesure elle-même d’une robe de soirée.

« Ah ! c’est vous, Lucie… dit Mme Augustine. Vous arrivez fort à propos. Je vais vous confier un travail pressé… La robe de bal dont je prends mesure à Mlle Harmant. Je veux que ce soit un chef-d’œuvre.

– Ah ! dit la fille de Jacques Garaud, c’est mademoiselle que vous allez charger de ma robe ?

– Oui… Lucie est ma meilleure ouvrière… Elle vous évitera un déplacement ennuyeux en allant vous essayer la robe chez vous dès qu’elle sera faite.

– Alors, mademoiselle, je vous attends… dit Mary. Vous me trouverez toujours le matin à l’hôtel de mon père… »

Mary sortit du salon d’essayage accompagnée de Mme Augustine, qui voulait la reconduire jusqu’à l’escalier. Lucie détacha les épingles du paquet apporté par elle, et étala le corsage qu’il contenait.

« Parfait ! parfait ! parfait ! s’écria la grande faiseuse en rentrant après avoir examiné le corsage. Lucie, ma mignonne, vous êtes un bijou ! Il n’y a jamais que des