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XV

Il nous faut retourner de quatre mois dans le passé et revenir à New York, chez Jacques Garaud, ou plutôt chez Paul Harmant. L’ex-contremaître atteignait sa cinquante-troisième année. Sa fille Mary, qu’il enveloppait d’une tendresse immense, avait dix-huit ans. C’était une jeune fille blonde, délicieusement jolie, mais la pâleur nacrée de ses joues, le cercle d’azur tracé autour de ses paupières pouvaient faire craindre qu’elle ne portât en son sein le germe de la maladie de poitrine qui avait tué sa mère, dont elle semblait le portrait vivant.

L’ascendant de Mary sur son père était sans bornes. Il lui suffisait de vouloir pour être obéie. Or, elle voulait souvent.

Au moment où nous la présentons à nos lecteurs, elle était avec son père en compagnie d’Ovide Soliveau. Tout à coup, interrompant sans façon les deux hommes qui causaient des affaires de l’usine, Mary dit :

« Père, à combien se monte le chiffre de ta fortune ? »

En entendant cette question, les deux prétendus cousins échangèrent un regard de surprise. Mary attendit une seconde, puis reprit avec impatience :

« Pourquoi ne me réponds-tu pas ?…