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d’Étienne Castel n’étant point cotée, il ne se présenta pas d’acheteur. Après l’exposition, la toile revint dans l’atelier où elle fut accrochée dans un coin sombre, et Étienne, tout à d’autres travaux, n’y pensa plus. L’année suivante, il obtint une première médaille, et l’année d’après le prix du Salon.

En arrivant à Paris, Étienne Castel sauta dans une voiture et se fit conduire au collège Henri-IV.

Trois heures plus tard, l’homme et l’adolescent arrivaient au presbytère de Chevry. Georges monta rapidement à la chambre du vieux prêtre qu’il entoura de ses bras en sanglotant. L’agonisant dit d’une voix brisée :

« En partant je regrette qu’une chose, c’est de n’avoir pu te suivre dans la vie jusqu’au moment où devenu tout à fait un homme, tu auras décidé de ton avenir. En attendant que ce jour arrive, notre ami Étienne Castel remplacera pour toi ceux que tu as perdus. Promets-moi, mon enfant, de lui obéir comme tu obéissais à ta mère bien-aimée, ma bonne Clarisse… comme tu m’obéissais à moi-même… »

Georges ne put répondre que par un signe de tête. Quelques minutes plus tard l’abbé Laugier, cet homme excellent qui avait passé sur la terre en faisant le bien, expirait.

* * *

Nos lecteurs ne peuvent avoir oublié que M. Jules Labroue, le propriétaire de l’usine d’Alfortville, laissait un fils. Mme Bertin, à qui ce fils était confié, avait liquidé les affaires de son frère. L’honneur du nom était sauf, mais Lucien ne possédait pour héritage que les terrains assez vastes sur lesquels se voyaient les ruines de l’usine incendiée.

L’ingénieur Labroue avait témoigné plus d’une fois à sa sœur le désir que Lucien suivît la carrière qu’il suivait lui-même. En conséquence les études de l’enfant reçurent une direction spéciale, et dès qu’il eut atteint sa dixième année, Mme Bertin vint habiter Paris et se