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venait de mettre pied à terre devait durer deux jours au moins. Il s’agissait d’études à faire dans l’usine d’un grand industriel qui désirait transformer son matériel en utilisant l’ancien outillage. La journée fut consacrée à l’examen des machines. Ovide Soliveau avait pris des notes sous la dictée de son cousin. En rentrant à l’hôtel, ils discutèrent ensemble les travaux à exécuter.

« Il s’agit de mener vivement ce travail, dit l’associé de James Mortimer. Je tiens beaucoup à ne demeurer ici que le temps strictement nécessaire. Nous piocherons, s’il le faut, une partie de la nuit.

– Comme tu voudras… Mais il faudra manger cependant.

– Je vais donner l’ordre qu’on nous monte notre souper. Tout en mettant les morceaux doubles, nous causerons. »

Ovide eut un singulier sourire aux lèvres.

« Ce que tu me proposes, j’allais te le proposer… » fit-il.

On dressa le couvert sur une table apportée tout exprès. Sous un prétexte quelconque, Ovide sortit de la chambre de Jacques et gagna la sienne. Là il ouvrit sa valise, prit la fiole qu’au moment de quitter New York il y avait placée, la glissa dans sa poche et rejoignit Paul Harmant. Ensuite il se remit au travail avec son patron jusqu’au moment où un maître d’hôtel vint annoncer que les gentlemen étaient servis.

« Vous nous monterez beaucoup de café, et du café très fort, commanda le mécanicien au maître d’hôtel. Nous avons à travailler cette nuit…

– Le café… voilà l’occasion… » pensa Ovide.

Paul Harmant se remit à creuser un problème de mécanique, tandis que le maître d’hôtel posait sur la table desservie une cafetière et une bouteille d’eau-de-vie de France.

« Voici le café, mon cousin… dit Ovide.

– Très bien ! répondit Jacques sans quitter son calcul. Remplis ma tasse, mets-y peu de sucre et pose-la auprès de moi. »

La joie la plus vive illuminait la figure de Soliveau.