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que tu n’aies jamais voulu me dire comment tu avais commencé à t’enrichir pendant les cinq années passées sans nous voir.

– Je te l’ai dit… une invention a été le point de départ de ma modeste fortune de ce temps-là.

– Certes, je le sais… Je le crois… Mais ce que tu ne m’as jamais dit, c’est quelle était l’invention antérieure.

– Ah ! ça, mais je ne comprends pas cette insistance, s’écria le faux Paul Harmant. L’invention antérieure, je l’ai vendue, c’est ce qui m’a rapporté quelque argent. Elle ne m’appartient plus. Un autre lui a donné son nom.

– À cela, je n’ai rien à répondre. Je comprends, en effet, que la délicatesse te commande le silence.

– Et tu n’as pas à me reprocher d’autres cachotteries ?

– Pas d’autres, cousin, pas d’autres.

– À la bonne heure… »

Jacques Garaud changea le sujet de la conversation.

« À quoi emploies-tu tes heures de liberté ? demanda-t-il.

T’es-tu créé à New York des amis, ou du moins des connaissances ?… As-tu trouvé des distractions depuis un an ?

– À New York, comme ailleurs, répondit Ovide, trouver des vrais amis, des amis sûrs, est chose difficile. Quant aux simples connaissances, c’est très commode à faire, surtout aux tables de jeu, et on joue ferme dans ce pays.

– Serais-tu joueur ? demanda Jacques.

– Oui, je l’avoue… C’est mon péché mignon.

– Prends garde, tu te ruineras !

– À moins que je n’empoche un beau soir une grosse somme ! Mon tour viendra d’avoir les atouts dans mon jeu !…

– Ce qui veut dire qu’en ce moment tu perds ?

– Oui. »

La conversation changea de sujet ; quelques heures s’écoulèrent encore et les deux Français arrivèrent à destination.

Le séjour du faux Paul Harmant dans la ville où il