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d’une année se présentera forcément en route. J’en profiterai… »

Et il glissa dans un sac de voyage la fiole du précieux liquide acheté à New York, moyennant quinze dollars, au Canadien dont il avait appris l’adresse à bord du Lord-Maire.

Cinq minutes après le départ, Jacques Garaud entama la conversation du ton le plus familier.

« Eh bien, cousin, dit-il, ne te paraît-il pas bon de nous trouver maîtres, comme en ce moment, de causer à cœur ouvert, en bons parents ?

– Franchement, cousin Paul, répliqua le Dijonnais, voilà, depuis une année, mon premier moment de joie.

– Ne te plais-tu donc point à New York ?

– Comment ne m’y plairais-je pas ? Je m’y plais beaucoup, au contraire, et si je viens parler d’une joie incomplète, c’est au point de vue de mes affections de famille. Aujourd’hui que la fortune de Mortimer ne peut t’échapper, il me semble que tu devrais bien trouver un joint pour me présenter comme ton parent, et me mettre avec toi sur un pied d’égalité relative.

– À quoi cela servirait-il ?

– À me rapprocher de toi, donc !

– Tu n’as pas à te plaindre. Si je ne te reconnais point publiquement pour mon cousin, j’agis en bon parent.

– Oui… oui… et je te rends pleine justice. Je ne te reproche qu’une chose, c’est d’être un peu cachottier.

– Dis nettement ce que tu veux dire ! » fit le faux Paul Harmant d’un ton sec.

Ovide se souvenait à merveille de la remarque faite par lui jadis sur le pont du Lord-Maire, relativement à la chevelure de son cousin. Depuis quelques minutes il profitait du rapprochement pour examiner de nouveau cette chevelure. Jacques Garaud, malgré de fréquentes applications de teinture, ne pouvait éviter que la nuance rousse de la racine ne reparût parfois à fleur d’épiderme. Ovide constata de nouveau cette nuance.

« Entre parents, entre cousins, fit Soliveau, il me semble qu’on se doit certaines confidences, et je trouve drôle