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Pendant le reste de la traversée du Lord-Maire, le faux Paul Harmant passait ses journées en compagnie de James Mortimer et de sa fille, faisant à Noémi une cour fort bien accueillie. James Mortimer s’en apercevait et ne disait rien, l’idée de voir son associé devenir son gendre dans un avenir prochain lui paraissait acceptable.

Le douzième jour après le départ, on arriva à destination. Dès le lendemain, Garaud prenait la direction des ateliers, où Ovide Soliveau entrait comme ajusteur. Trois semaines plus tard, le prétendu cousin de Paul Harmant, était appelé par celui-ci aux fonctions de contremaître, avec des appointements mensuels de cent quatre-vingts dollars (900 francs).

Au bout de deux mois, Jacques Garaud demanda la main de Noémi que James Mortimer lui accordait avec une joie non dissimulée. L’acte de naissance de Paul Harmant et les actes mortuaires de son père et de sa mère, demandés en Bourgogne, arrivaient sans retard, et le mécanicien, sous le faux nom dont il s’était emparé, épousait Noémi.

Noémi se trouvait absolument heureuse. La société James Mortimer et Paul Harmant prenait des développements immenses. Jacques Garaud se sentait devenir un homme nouveau. Il oubliait son crime. Cependant il dut s’en souvenir le jour où il lut dans un journal français que la nommée Jeanne Fortier, reconnue coupable d’avoir incendié l’usine d’Alfortville et assassiné M. Labroue, le patron de cette usine, venait d’être condamnée en cour d’assises à la réclusion perpétuelle. Le misérable, à qui cette condamnation apportait une nouvelle certitude d’impunité, n’eut pas une pensée de pitié pour sa victime. Il ne se souvint même plus qu’il l’avait aimée.

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Le curé de Chevry, sa sœur, Mme Clarisse Darier, et le jeune peintre Étienne Castel avaient assisté aux débats. Ils avaient entendu relever contre Jeanne tant