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– Ah ! Je ne demande pas mieux.

– Quel est votre régime en seconde ?

– Bien médiocre ! »

Jacques tira de sa poche une dizaine de louis.

« Nourris-toi mieux, dit-il, en mettant les pièces d’or dans les mains d’Ovide.

– Merci, cousin ! s’écria ce dernier, redevenu joyeux.

– C’est la dernière fois que tu dois m’appeler ainsi… sauf quand nous nous trouverons complètement seuls. »

Jacques Garaud rejoignit Mortimer et Noémi.

Le vieil agent René Bosc avait été servi par sa mémoire. Ovide Soliveau était en effet, et de longue date, un gredin de la pire espèce. L’ex-policier disait vrai en parlant du mandat d’amener lancé contre le mécanicien à propos d’un vol commis avec effraction dans un petit hôtel garni qu’il habitait rue de l’Ouest. Ovide avait trouvé le moyen de dépister la police. Au bout d’un an, on ne s’était plus occupé de cette affaire.

Ovide trouva le moyen de passer en Angleterre, se fit recevoir dans un atelier et, comme il savait à fond son état, il fut embauché par James Mortimer. Il devait se croire à l’abri de toute vicissitude nouvelle, lorsqu’une occasion de méfait se présentant, il lui fut impossible de résister à ses instincts pillards.

« Coquin de sort ! fit le bandit lorsque le faux Paul Harmant l’eut laissé seul. La voilà, la guigne ! Soixante mille francs qui me filent entre les doigts, grâce à mon cousin !… J’avais bien besoin de le retrouver ici, ce coco-là ! »

Ovide sembla s’absorber en de profondes réflexions.

« Après tout, fit-il ensuite brusquement en relevant la tête, il vaut peut-être mieux que les choses se soient ainsi passées. Me voilà sous la coupe du cousin Harmant, c’est vrai, mais je crois que ça me rapportera plus que le sac du mouchard. Un rude veinard, le cousin Paul, mais on ne m’ôtera pas de la tête que, dans son passé, il y a un mystère qui doit être drôle.

« Pour arriver si vite, il faut être un peu ficelle. Il me tient, mais je pourrai bien, un jour ou l’autre, le tenir aussi. Eh ! eh ! faudra voir… »