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archives du tribunal correctionnel de Dijon, on y trouverait ton nom plus d’une fois répété. Est-ce que je me trompe ?

– Oh ! des peccadilles… murmura le Dijonnais.

– Des peccadilles… qui mènent au bagne, et sois certain que René Bosc n’aurait aucune peine, si quelqu’un avait intérêt à l’en charger, à former contre toi un fort joli dossier. Je me tairai, moi, et j’empêcherai René Bosc de parler, mais tu feras ce que je te dirai de faire.

– Je suis prêt ! De quoi s’agit-il ?

– D’abord, en public, et chaque fois qu’il y aura du monde entre nous, tu sembleras ne point me connaître… C’est facile à comprendre, quand tu sauras que depuis hier je suis l’associé de ton patron, James Mortimer.

– Toi, l’associé de Mortimer ! fit Ovide. Toi !…

– Et je compte bien m’arranger de façon à être son gendre dans deux ou trois mois… peut-être avant.

– Ah ! tu peux te vanter de savoir conduire ta barque, toi.

– Ma position dans la famille Mortimer me rendra tout-puissant pour te servir ou pour te perdre, selon ta conduite. Sois docile à mes volontés, fais en sorte de ne t’attirer aucun reproche, et voici ce que je t’offre : D’ici à un mois, tu deviendras un des premiers contremaîtres de l’usine et je doublerai tes appointements, mais tu seras mon homme, tu n’auras d’autre volonté que la mienne. Tu aimes l’argent, je te rendrai riche. Acceptes-tu ?…

– Si j’accepte ! s’écria le Dijonnais. Mais je crois bien que j’accepte et avec enthousiasme. Toi aussi tu as besoin de mon silence, de mon obéissance, de ma complicité peut-être. Pourquoi ? Ça ne me regarde pas… Je suis à toi corps et âme… Que faut-il faire ?

– Rien avant notre débarquement à New York… Quand j’aurai besoin de te parler, c’est moi qui viendrai à toi, et n’oublie pas que le jour où tu voudrais te soustraire à l’obéissance aveugle exigée par moi, je ne te ménagerai point ! J’irai trouver René Bosc. Et maintenant nous sommes d’accord. Parlons d’autre chose.