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cherchait à dissimuler, brillait dans sa main droite. Il le vit allonger la main gauche vers le pardessus du passager placé devant lui. Jacques aperçut alors une sacoche suspendue à une mince courroie passée sur l’épaule.

« Ah ! ah ! murmura-t-il… Au métier de mécanicien, il ajoute celui de voleur à la tire ! Je le tiens !… Le drôle est à moi, pieds et poings liés. »

Il se trouva bientôt à deux ou trois pas d’Ovide Soliveau. Le steamer, en ce moment, croisait le paquebot. Une voix cria :

« C’est un navire français ! Bonne route ! »

Tous les bras s’élevèrent, agitant les chapeaux. Le vieillard, porteur de la sacoche convoitée par Ovide, était un des plus enthousiastes.

Le dijonnais guettait le moment opportun. Tandis que le passager levait le bras et criait à pleine gorge, Ovide glissa sa main gauche sous le pardessus, puis envoya sa main droite rejoindre la gauche. Une lame de rasoir trancha la courroie et, moins d’une seconde après, la sacoche se trouvait sous la vareuse d’Ovide.

Celui-ci fit alors volte-face en pirouettant sur ses talons et se trouva face à face avec son prétendu cousin. Le faux Paul Harmant, l’air sombre et sévère, étendit le bras et laissa retomber sa main sur l’épaule du mécanicien. En même temps, d’une voix étouffée, il lui jetait ces mots au visage :

« Que viens-tu de faire, voleur ! »

Ovide chancela, devint très pâle et balbutia :

« Hein ?… quoi ? Qu’est-ce que tu dis, cousin ?… »

Jacques lui saisit le poignet et l’entraîna dans un endroit isolé.

« Je dis, reprit-il les dents serrées, je dis que j’ai tout vu, et que tu vas me remettre à l’instant le sac de cuir volé par toi. Quand je pense que tu es de ma famille et que tu la déshonores, je ne sais qui me retient de te conduire au capitaine du paquebot et de lui dénoncer ta honteuse action. »