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reprit Mortimer, donc plus de phrases cérémonieuses. Je vous présente à l’un des princes de la finance américaine, Richard Davidson, mon ami et mon banquier.

– Disposez de moi, monsieur, fit le banquier ; si je puis vous être utile, je le ferai de grand cœur. »

Les trois hommes s’assirent. Noémi retourna au piano.

« Si j’ai bien compris ma fille, dit Mortimer, vous vous rendez à New York avec l’intention de venir me voir ?

– J’ai l’intention de monter en France une fabrique modèle. Vos ateliers m’ayant été cités comme incomparables, sous tous les rapports, je me proposais de solliciter de vous l’autorisation de les voir…

– Autorisation qui vous est accordée d’avance. Mes ateliers sont les premiers du monde, mais ils ne sont construits que pour la mécanique industrielle.

– Celle qui rapporte le plus… interrompit Jacques.

– En effet, elle est lucrative… Mes machines à coudre perfectionnées m’ont rapporté des sommes fort rondes.

– Vos machines à coudre perfectionnées, je les connais.

– Y trouvez-vous quelque chose de défectueux ?

– Me permettez-vous la franchise ?…

– Sans doute ! J’aime la franchise.

– Je ne veux point parler du mécanisme… il est irréprochable… Je reproche à vos machines leur trépidation fatiguant ceux qui les font mouvoir.

– Vous voudriez obtenir le silence de la machine ? Voilà cinq ans que je le cherche inutilement.

– Vous avez mal cherché.

– L’avez-vous trouvé, vous ?

– Peut-être. »

Et le faux Paul Harmant, tirant de sa poche son agenda, l’ouvrit et se mit à dessiner rapidement, sous toutes ses faces, la machine à coudre perfectionnée de James Mortimer. Ce dernier regardait avec étonnement. Le coup de crayon du faux Paul Harmant lui semblait d’une merveilleuse habileté.

Le banquier Richard Davidson et Noémi, qui s’étaient rapprochés des causeurs,