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– Moi aussi… et comme j’en ai monté plusieurs, le particulier m’a fait un engagement de trois ans à cinq cents francs par mois.

– Quelle espèce de machine à guillocher l’Américain a-t-il inventée ?

– Il n’a rien inventé… il a perfectionné.

– A-t-il trouvé le moyen de guillocher l’argenterie façonnée en ronde bosse ?

Ce n’est pas possible de guillocher les rondes bosse, les talons renversés, les gorges, les ornementations brutes, tu sais bien, toi qui es du métier.

– C’est difficile, mais pas impossible.

– Eh bien trouve ça… et bientôt tu seras vite millionnaire.

– Est-il riche, ton futur patron ?

– Autant que la Banque de France, à ce qu’il paraît. Sais-tu ce qu’il te faudrait à toi, cousin ? Une association avec ce particulier-là, tout bonnement… Tu as de l’idée et de l’acquis… Tu es travailleur… Tu pourras te faire dans la fabrique une position de premier ordre… La fille est jolie et bien dotée… Eh ! eh ! qui sait ? Il n’y a que les honteux qui perdent, vois-tu ! Ah ! si j’étais un monsieur comme toi !… »

En ce moment Jacques avait ôté son chapeau, et s’essuyait le front. Le contremaître de M. Labroue, nos lecteurs ne peuvent l’avoir oublié, avait, à l’aide d’une teinture, changé la nuance de ses cheveux.

Or, Jacques était teint depuis cinq jours. Ses cheveux avaient poussé. En conséquence une ligne rougeâtre apparaissait entre la peau du front et le reste de la chevelure d’un superbe ton noir. Ovide avait un coup d’œil perçant. Dès son premier regard, il avisa cette particularité. De la chevelure ses yeux descendirent à la barbe. Mais là, il ne put rien constater d’anormal. Ovide pensait :

« Saperlipopette, en voilà une bien bonne ! On jurerait que le cousin se teint. Il était cependant bien brun, quand je l’ai connu. Pas possible que ses cheveux aient tourné au rouge ! »